Le guide de l'usufruitier
L'usufruit désigne le fait de jouir d'un bien immobilier et d'en percevoir les revenus, sans toutefois en être le propriétaire. Dans ce cadre, la propriété reste en effet au nu-propriétaire. L'usufruit est temporaire et inclut des droits, mais également des devoirs. Entretien du bâti, obligations fiscales, droit d'utilisation et de perception des loyers, rôle du nu-propriétaire, etc. Cogedim vous propose un guide complet afin de comprendre le rôle de l'usufruitier.
Usufruit : les informations générales
Définition
L'usufruit est défini par l'article 578 du Code Civil comme « le droit de jouir des choses dont un autre à la propriété, comme le propriétaire lui-même, mais à la charge d'en conserver la substance ». Autrement dit, l'usufruit désigne le fait de profiter d'un bien sans en avoir la propriété et à condition de l'entretenir.
Cette opération résulte du démembrement de propriété, c'est-à-dire la division du droit de propriété entre :
Devenir usufruitier
Sont considérés comme usufruitiers :
Évaluation de l'usufruit
Lors du démembrement du droit de propriété, la répartition du bien entre l'usufruitier et le nu-propriétaire est fixée à partir d'un barème fiscal. Ce barème est établi sur la base de l'âge et de l'espérance de vie de l'usufruitier.
Cette étape est essentielle pour la suite des opérations financières. L'évaluation de l'usufruit permet notamment le calcul des droits d'enregistrement à la suite d'une donation, d'une vente ou d'une succession. Elle prévient ainsi tout risque de litige.
Les droits de l'usufruitier
Devenir usufruitier d'un bien s'accompagne de droits spécifiques. Utilisation, perception des revenus et pouvoir administratifs : découvrez les droits de l'usufruitier suite à un démembrement du droit de propriété.
L'utilisation du bien immobilier
La liberté d'utiliser le bien mobilier ou immobilier représente l'un des principaux droits d'un usufruitier. Dans le cadre d'un usufruit sur un bien immobilier, l'usufruitier peut notamment décider :
Par conséquent, les droits d'un usufruitier sont presque similaires à ceux du propriétaire du bien. Cependant, l'usufruitier n'est pas autorisé à vendre le bien. Cette décision relève uniquement de la volonté du propriétaire. L'usufruitier a néanmoins le droit de céder ce qu'il détient, à savoir l'usufruit.
La perception des revenus issus du bien
Les articles 583 et 584 du Code Civil précisent que l'usufruitier a le droit de percevoir les revenus générés par le bien. Dans le cadre d'une mise en location, l'usufruitier est donc la personne qui perçoit les loyers, et ce durant toute la durée contractuelle de l'usufruit.
Attention, l'usufruitier n'est pas autorisé à réclamer ou exiger une indemnisation en contrepartie de travaux dont le but est d'améliorer le bien.
La conclusion des baux
L'usufruitier a le droit de conclure les baux d'habitation. L'accord du nu-propriétaire est exigé si :
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Les obligations de l'usufruitier
En contrepartie du droit d'utiliser le bien et de percevoir les revenus générés par ce dernier, l'usufruitier doit également répondre à certaines obligations légales. L'entretien du bien, le paiement des impôts et l'adoption d'une attitude raisonnable comptent parmi les principaux devoirs d'un usufruitier.
L'entretien du bien immobilier
L'usufruitier doit prendre à sa charge les frais d'entretien et les frais de réparation indispensables à la bonne conservation du bien. Ces travaux incluent notamment :
Pour prévenir tout risque de litige, la signature d'un contrat d'usufruit s'accompagne :
L'adoption d'une attitude prudente et raisonnable
L'usufruitier a interdiction de détériorer ou de détruire le bien en usufruit. Il doit ainsi adopter une attitude prudente et raisonnable vis-à-vis du bâtiment ou du mobilier dont il a la charge.
En cas de sinistre (incendie, etc.), l'usufruitier doit prouver qu'il n'est à l'origine d'aucune faute, même légère.
Les obligations fiscales dans le cadre d'une location
Si le bien en usufruit fait l'objet d'une mise en location, l'usufruitier doit s'acquitter du paiement des impôts sur les loyers perçus. Comme tout propriétaire bailleur, l'usufruitier est en droit de déduire les charges liées à la gestion locative du logement.
Cependant, les charges locatives ne pourront pas être déduites du montant total des loyers avant calcul de l'impôt si :
Le paiement des impôts
Dans le cadre du démembrement de droit de propriété, l'usufruitier s'acquitte du paiement des impôts locaux suivants :
De même, en cas d'impôt sur la fortune immobilière (IFI), c'est à l'usufruitier que revient l'obligation de paiement. Dans certaines situations, la charge imposable peut être répartie entre le nu-propriétaire et l'usufruitier, en fonction de la répartition de la valeur du bien. C'est notamment le cas à la suite :
Les droits et devoirs du nu-propriétaire
Devenir usufruitier accorde des droits, mais implique également des devoirs. C'est aussi le cas pour le nu-propriétaire.
Le vote aux assemblées de copropriété
Si le bien est situé au sein d'une copropriété, le ou les usufruitiers sont représentés par le nu-propriétaire (sauf accord préalable des deux parties). Si le bien est réparti entre plusieurs nus-propriétaires, le représentant peut être désigné à l'amiable. Faute d'accord, le président du tribunal judiciaire désigne lui-même le mandataire commun (article 23 de la loi du 10 juillet 1965).
La prise en charge des réparations importantes
D'après l'article 606 du Code Civil, le nu-propriétaire est en charge d'assurer les grosses réparations relatives à l'entretien du bien en usufruit. Ces dernières incluent notamment les travaux d'entretien concernant :
Plus généralement, les gros travaux englobent toutes les réparations qui impactent la structure et la solidité générale du bâtiment. Les frais de rénovation indispensables au maintien du bâti en bon état incombent ainsi au nu-propriétaire.
En cas de refus ou de négligence de la part du nu-propriétaire, l'usufruitier peut prendre à sa charge les grosses réparations. Il pourra alors demander un dédommagement au nu-propriétaire à la fin de l'usufruit.
Les sanctions en cas d'abus
L'usufruitier est tenu d'assurer la conservation du bien dont il détient l'usufruit. Les réparations urgentes ou les actes juridiques destinés à préserver le bien lui incombent. En cas de manquement à son devoir et si les mesures conservatoires ne sont pas réalisées, le nu-propriétaire est en droit d'intenter une procédure juridique à son encontre.
Si le juge constate un abus de jouissance après les démarches d'investigation, la sanction prononcée peut aller jusqu'à la déchéance de l'usufruit. L'article 618 du Code Civil caractérise l'abus de jouissance comme le fait de commettre des dégradations sur le fond ou de laisser dépérir le bien faute d'entretien. La caractérisation d'une faute en abus de jouissance relève donc d'une volonté manifeste de la part de l'usufruit d'altérer la substance du bien ou d'en menacer sa restitution.
Toutefois, la destitution d'usufruit reste une sanction rare. En effet, le manquement au devoir d'entretien du bien doit être constaté sur le long terme et avoir par exemple provoqué la détérioration du gros œuvre du bâtiment (maison, immeuble, etc.).
La fin de l'usufruit
La fin de l'usufruit est prononcée en cas :
Enfin, dans le cadre d'un usufruit parents/enfants, la fin de l'usufruit est prononcée lorsque l'enfant titulaire atteint l'âge de seize ans.
Les avantages de l'usufruit
L'usufruit offre les avantages suivants :
Différencier l'usufruit, la nue-propriété et la pleine propriété
L'usufruit, la nue-propriété et la pleine propriété sont des notions qui peuvent être facilement confondues. Faisons le point pour vous aider à différencier ces différentes notions.
Le droit de propriété
Avant toute chose, il convient de préciser la notion de droit de propriété. Ce dernier se compose des notions suivantes :
Ce droit de propriété peut être détenu par une seule et même personne, mais peut également être réparti entre un usufruitier et un nu-propriétaire. Dans cette seconde configuration, on parle alors de démembrement de propriété.
La pleine propriété
La pleine propriété d'un bien désigne le fait de disposer à la fois de la nue-propriété et de l'usufruit.
La pleine propriété permet donc :
La nue-propriété
La nue-propriété permet seulement de disposer du bien. En tant que nu-propriétaire et contrairement à la pleine propriété, la loi n'autorise ni son utilisation, ni la perception des revenus générés.
L'usufruit
Enfin, l'usufruit n'autorise pas l'usufruitier à disposer du bien. Il ne peut donc pas décider de sa vente ou de sa démolition. Cependant, l'usufruit permet son utilisation ainsi que la perception des revenus générés.
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